Si beaucoup de personnes sont émerveillées par ce que l'âne apporte à l'homme, beaucoup d'autres trouvent aussi amusante, voire intrigante la rencontre avec l'âne. Mais plus avant encore, c'est l'idée d'aller à la rencontre d'un troupeau d'ânes qui suscite des ressentis et émotions diverses. Cela apparait parfois comme une démarche bucolique et désuète car dans les pensées de beaucoup cela n'abouti à aucun résultat. Les archétypes qui rôdent dans nos imaginaires ont la peau pour le moins coriace: l'âne tire derrière lui les caractéristiques d'animal têtu, bête au sens d'idiot, encore parfois traité comme bête de somme.
Cependant l'âne nous offre une ouverture sur un monde que l'on ne connait plus, (peut-être le monde d'autrefois) que l'on sous-estime, qui nous fait entrer dans des espaces oubliés, éloignés, dévastés et tellement proches à la fois. Aller à la rencontre de l'âne convoque à la simplicité, à une forme d'empathie inaugurale tout autant que durable qui exige de l'homme qu'il s'ajuste.
La rencontre avec l'âne nous ramène à la question des émotions premières et du travail de celles-ci.
L'âne nous oblige à nous centrer, à nous calmer face à lui et à ne pas trop exiger.
Il demande dans la rencontre un temps d'adaptation et de compréhension, sans pour autant tout accepter.
Si l'on se prête au jeu, l'âne n'est qu'offrande. Il nous met sur la route, tant celle qui accueille nos pas que celle qui cherche en nous.
Il nous semble aussi essentiel que cette rencontre avec l'animal se fasse dans le don contre don ou tout au moins soit portée par cet esprit. L'âne est depuis longtemps et au travers de diverses cultures un animal adoré et aussi déconsidéré, peut-être en lien avec sa grande proximité avec l'homme et l'usage que ce dernier en a fait et en fait encore parfois. Dans nos pays, il devient de plus en plus un animal de compagnie et cela n'est pas non plus sans poser de questions sur notre rapport occidental aux animaux en général et sur notre rapport au vivant, de manière plus globale.
Nous souhaitons revaloriser cette image de l'âne au regard tendre et au caractère têtu, avec lequel, si l'on va trop vite, il n'est pas simple de transiger.
Cheminer aux côté de l'âne nous amène inévitablement à voir notre environnement proche autrement: prendre conscience qu'on ne le regarde plus et plus déstabilisant encore, qu'on ne le connait plus. C'est donc aussi une des dimensions que notre asbl se veut de développer: observer la nature pour mieux la connaître et la protéger.
Nous sommes convaincu que retrouver le pas apaisé de l'âne peut concourir, pour tout un chacun, à se reconnecter à ce qu'on appelle aujourd'hui "le vivant" et à chercher des moyens de se distancer de la folle course du monde.